La Chine, qui compose le duo des pays les plus industrialisés au monde, et premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 15 ans, peut-elle inspirer le continent dans sa quête de développement industriel ? Pour certains acteurs, la question semble “oui”, mais à condition d’améliorer le dialogue et les partenariats entre entreprises chinoises et africaines pour un meilleur transfert de compétences et de technologies. Au Cameroun, un salon prévu en mai et destiné aux pays d’Afrique francophone ambitionne de relever cet objectif.
Depuis des décennies, la Chine réalise des infrastructures à tour de bras en Afrique. Selon les données du ministère chinois des Affaires étrangères, depuis le début du XXIe siècle, le pays d’Asie de l’Est a réalisé dans divers pays africains plus de 6 000 kilomètres de voies ferrées, 6 000 kilomètres de routes, près de 20 ports, plus de 80 grandes centrales électriques, 130 hôpitaux et cliniques, 170 écoles, 45 stades et gymnases, 500 projets agricoles, entre autres. Le politologue camerounais Jimmy Yab, président de l’Observatoire Chine – Afrique francophone et initiateur du premier Salon industriel et commercial Chine – Afrique francophone, prévu au Palais des congrès de Yaoundé du 23 au 31 mai 2023, estime qu’il y a matière à s’inspirer de l’expérience et de l’expertise de la Chine.
L’industrialisation de l’Afrique a commencé il y a 100 ans. l’industrialisation de l’Asie a commencé il y a 100 ans. Mais comment est-ce que les industries n’ont pas prospéré en Afrique ? Pourquoi nous n’avons pas une Afrique industrielle ? Tout simplement parce que les modèles de développement que nous avons adoptés n’étaient pas favorables à cette industrialisation. Nous avons eu des modèles venus d’ailleurs. Je ne veux pas citer ceux-là, il est question de prendre des modèles économiques qui sont plus ou moins semblables à la vie des Africains.
Jimmy Yab, Président de l’Observatoire Chine – Afrique francophone
La voie chinoise pour l’industrialisation est souvent remise en question via l’absence supposée de transfert de technologie dans les projets de génie civil, informatique ou électronique réalisés en Afrique.
Les sociétés qui sont installées depuis ou alors les pays qui sont installés depuis en Afrique n’ont fait aucun transfert de technologie. Je ne pense pas qu’on puisse faire en une fraction de secondes le procès de la Chine. Le problème de transfert de technologie n’est pas seulement un problème de gouvernement. C’est aussi un problème d’entente entre les entreprises. Il est possible que les entreprises s’entendent entre elles pour un transfert de compétences et de technologies. Le Salon Chine – Afrique francophone veut initier la conversation.
Jimmy Yab, Président de l’Observatoire Chine – Afrique francophone
Selon l’Indice 2022 du Rapport sur l’industrialisation de l’Afrique de la Banque africaine de développement, l’Afrique du Nord fait figure de région africaine la plus industrialisée, suivie de l’Afrique australe qui regroupe plusieurs pays anglophones. L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, qui regroupent les pays francophones du continent, précèdent dans ce classement l’Afrique de l’Est qui occupe le dernier rang des pays industrialisés du continent.
