Au Sénégal, le Pool judiciaire financier va remplacer la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) après un vote au Parlement le 20 juillet 2023. Alors que le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall se réjouit d’une modernisation de l’appareil judiciaire, l’opposition espère un instrument plus impartial que la CREI.
123 députés sur 160 de l’Assemblée nationale du Sénégal ont voté en faveur de la suppression de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), le 20 juillet 2023. Le projet de loi porté par le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall institue la création d’une nouvelle juridiction, le Pool judiciaire financier. Le garde des sceaux sénégalais décrit un progrès juridictionnel, le Pjf ayant des compétences étendues en matière d’enrichissement illicite, de corruption, de blanchiment d’argent et de crimes fiscaux.
“On renforce le dispositif répressif parce que nous savons que la délinquance économique et financière est une délinquance diffuse, difficilement décelable, complexe. Il faut donc un appareil répressif à la hauteur des mutations de cette délinquance”
Omar YOUM, Député de l’Alliance pour la République – Sénégal
Le gouvernement sénégalais a reconnu que la CREI n’a pas réussi à endiguer l’enrichissement illicite dans le pays. Créée en 1981, la CREI est devenue opérationnelle en 2012 sur l’impulsion du président Macky Sall dont la lutte contre la corruption était l’un des principaux agendas. L’opposition espère que le Pjf se démarquera de la précédente juridiction par son impartialité.
“Le parquet financier, c’est bon… on est tous d’accord. Mais ça va servir à quoi si le procureur va dépendre du ministre de la Justice, des dossiers sous le coude…Rien n’a changé”
Abass FALL, Député du parti Pastef – Sénégal
L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption du Sénégal a révélé dans un rapport que les détournements de deniers publics ont représenté 23,36% des infractions économiques en 2021. Le nouveau Pjf va se saisir des dossiers pendants, annulant de fait la possibilité d’abandon des poursuites, a renseigné le ministre sénégalais de la Justice.