Le gouvernement somalien a approuvé, le 8 août 2024, un projet de loi sur le suffrage universel. Longtemps attendu depuis 55 ans avec une tentative de mise à exécution jamais aboutie depuis 2020 en raison de querelles politiques, ce projet est en attente d’adoption par le parlement. Il a pour objectif de conduire le pays vers le principe «une personne, une voix» à l’échelle nationale, selon le porte-parole du gouvernement Farhan Jimale.
En Somalie, le gouvernement a mis fin au processus de vote indirect, approuvant jeudi 8 août 2024, un projet de loi qui vise à faire passer le système électoral du pays au suffrage universel pour la première fois depuis des décennies. Le pays devait passer au vote direct en 2020, mais l’insécurité générale provoquée par des querelles politiques avaient forcé le gouvernement à conserver le scrutin indirect.
“Le suffrage universel direct reste le mode de scrutin le plus stable, le plus fiable, le plus paritaire et le plus représentatif de la volonté de la population dans l’élection de leur dirigeants. Le système de vote indirect qu’avait adopté la Somalie jusque-là surtout dans une configuration politique où le peuple n’a pas une confiance établie en ces différents électeurs qui dans le mode d’élection indirect sont désignés pour élire le président, mène à des instabilités politiques.”
BOUBA KEITA, Juriste – Guinée
En Somalie les législateurs votent pour le président, tandis que les chefs de clan et les anciens élisent les législateurs au sein du gouvernement fédéral et des États régionaux. Pour rappel, le suffrage universel direct est l’une des promesses du président Hassan Sheikh Mahamoud, élu par les députés pour un mandat de cinq ans, en mai 2022 mais il reste à être adopté par le parlement.
“Ce pays a énormément souffert de questions de sécurité, des questions de pauvreté, des questions de manque de démocratie. Un système qui a fonctionné ainsi depuis 55 ans, ne doit pas être bousculé par une promesse électorale. Même si les Somaliens sont conscients qu’il faut passer à une autre ère démocratique, s’ils ne sont pas prêts et si leur sécurité n’est pas garantie, je pense qu’il vaut mieux attendre. Il vaut mieux que ça soit fait avec beaucoup d’intelligence afin que des questions d’ordre sécuritaire ne viennent plus perturber ce pays qui aspire à la paix.”
Sadio Morel-KANTÉ, Analyste politique – Congo
Selon des observateurs, la politique de suffrage universel direct est confrontée à d’importants défis logistiques et sécuritaires. Il sagit entre autres du manque d’infrastructures et du fait qu’Al Shabaab, un groupe militant islamiste, maintient le contrôle de vastes zones du pays.