Au Togo, le climat politique reste tendu après plusieurs jours de violences urbaines à Lomé. Le gouvernement accuse des acteurs étrangers d’être derrière une campagne de désinformation massive. Des arrestations ont été effectuées, et des poursuites judiciaires sont engagées à l’échelle internationale. En toile de fond : une réforme constitutionnelle qui ravive les tensions et inquiète l’opposition.
Le gouvernement togolais a dénoncé, Dimanche 29 juin 2025, une vaste campagne de désinformation orchestrée depuis l’étranger, visant à semer le trouble et à attiser les tensions politiques dans le pays. Selon les autorités, cette opération s’appuie sur la diffusion de contenus manipulés via les réseaux sociaux. Plusieurs arrestations ont eu lieu, impliquant notamment des ressortissants étrangers en situation irrégulière. Lomé annonce également l’ouverture de poursuites à l’international contre les instigateurs présumés de cette campagne.
Les accusations selon lesquelles les récentes manifestations au Togo, entre le 26 et le 28 juin, seraient le fruit d’une manipulation ou d’une désinformation extérieure relèvent de la rhétorique classique. C’est un argument peu solide. Le véritable problème de la crise politique togolaise réside dans le fait qu’une même famille dirige le pays de père en fils depuis 55 ans, dans un contexte où existent pourtant des compétences et des ambitions légitimes qui aspirent à s’exprimer.
Kerwin MAYIZO, Analyste politique
Ces déclarations interviennent dans un climat de forte tension, marqué par des manifestations et des violences survenues entre le 26 et le 28 juin dans la capitale, à la suite d’une réforme constitutionnelle controversée. Celle-ci élargit les pouvoirs du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, en lui permettant de présider le Conseil des ministres sans limitation de mandat. L’opposition dénonce un « coup constitutionnel » visant à prolonger indéfiniment son règne, tandis que la mobilisation populaire, relayée par la société civile et sur les réseaux sociaux, prend de l’ampleur.
La dernière réforme constitutionnelle risque d’exacerber la crise politique à l’approche des élections. Le parti au pouvoir, disposant de moyens largement supérieurs à ceux des autres formations, pourra faire élire la personne qui présidera le Conseil des ministres. Le président, désormais éloigné du rôle exécutif direct, ne sera plus la cible principale, mais restera l’autorité qui encadre et influence le pouvoir depuis l’arrière-plan.
Kerwin MAYIZO, Analyste politique
Tout en appelant à la vigilance face aux rumeurs, le gouvernement togolais assure que la majorité de la population est restée calme. Il rejette toute connexion entre les récentes noyades à Lomé et les événements politiques en cours, évoquant plutôt les effets de la saison des pluies. Les autorités réitèrent leur attachement à l’État de droit, aux libertés fondamentales et à la cohésion nationale, dans un contexte de polarisation croissante.