Au Togo, trois jours durant, les 26, 27 et 28 juin, les rues de Lomé ont été le théâtre de manifestations d’une ampleur rarement vue. Une mobilisation portée principalement par la jeunesse, excédée par des années d’impasses politiques, de pression économique et de rétrécissement des libertés. Que réclament ces manifestants, et que révèle cette colère persistante ? Éléments de réponse dans ce reportage.
Du 26 au 28 juin 2025, les rues de Lomé ont résonné des slogans d’une jeunesse en colère. De Bè à Adakpamé, quartiers périphériques de la capitale togolaise, des milliers de jeunes ont investi les rues pour dénoncer une série de décisions jugées répressives et impopulaires. En ligne de mire : l’arrestation de figures critiques du régime, la hausse du coût de l’électricité, mais surtout la réforme constitutionnelle adoptée en mai, qui a permis au président Faure Gnassingbé de devenir président du Conseil, une nouvelle fonction suprême sans limitation de mandat. Le climat s’est tendu depuis l’interpellation musclée, le 26 mai 2025, du rappeur et militant Aamron, devenu un symbole du mécontentement social.
« Le problème fondamental qui entraîne le Togo dans un cycle infini de manifestations, de répression, c’est la durée au pouvoir du clan Eyadema. Parce qu’avec tous les talents dont regorge ce pays, être un peu à la traîne en Afrique de l’Ouest, c’est une perte. »
Kerwin Mayizo, Analyse politique – RDC
Pour de nombreux analystes politiques, ces manifestations traduisent un malaise grandissant au sein de la société togolaise, notamment parmi les jeunes générations. Si le cas Aamron a servi de catalyseur, les revendications vont bien au-delà : elles dénoncent un système perçu comme “verrouillé et marqué par une gouvernance dynastique depuis plusieurs décennies”.Plusieurs voix appellent à l’ouverture d’un dialogue inclusif pour éviter une escalade des tensions.
« Pour résoudre ce problème, il faudrait que la classe politique togolaise, ou toutes les forces vives togolaises, puissent se mettre ensemble autour d’une table pour dialoguer. Ce dialogue doit être un dialogue sans tabou, où cette affaire de durée au pouvoir d’une même famille sera mise sur le tapis et de comment organiser une porte de sortie honorable pour les Eyadema et favoriser les autres forces vives de la nation pour récupérer le leadership du pays. »
Kerwin Mayizo, Analyse politique – RDC
Jusqu’à présent, les autorités togolaises n’ont pas officiellement réagi à la vague de protestation. Un silence qui contraste avec la persistance de la mobilisation sur le terrain. Alors que les forces de sécurité ont été déployées pour contenir les débordements, la population semble déterminée à maintenir la pression.