En réduisant les barrières commerciales et en harmonisant les législations, la ZLECAf peut transformer l’Afrique en un pôle économique majeur. Elle pourrait générer 18 millions d’emplois, booster les échanges de 52 % et repositionner le continent dans le commerce mondial. Encore faut-il accélérer la mise en œuvre, moderniser les infrastructures et sécuriser le cadre juridique.
Entrée en vigueur en janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) constitue la plus vaste zone de libre-échange au monde en nombre d’États membres. Avec 49 pays ayant ratifié l’accord, elle couvre un marché de 1,4 milliard de consommateurs pour un PIB combiné de 3 400 milliards de dollars. L’objectif : faire progresser le commerce intra-africain, qui ne représente actuellement que 15 % des échanges sur le continent, contre plus de 60 % en Europe. D’après la Banque mondiale, la ZLECAf pourrait augmenter ce volume de 52 % d’ici 2035, tout en sortant environ 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté. Mais selon Wamkele Mene, secrétaire général du secrétariat de la ZLECAf, le développement des infrastructures de transport, de logistique et de connectivité numérique reste un frein majeur à la réalisation de ces ambitions.
« Le principal obstacle au commerce intra-africain est l’infrastructure. Les infrastructures qui soutiennent le commerce sont inadéquates. Nous avons vu les efforts de la BAD et de la Banque africaine Africa 50 pour investir davantage dans les infrastructures qui soutiennent le commerce, mais nous sommes confrontés à un déficit d’infrastructure annuel de plus de 130 milliards de dollars. Comme je l’ai dit précédemment, ce déficit d’infrastructure a un effet contraignant. Le deuxième point à noter à propos de ce commerce existant est l’inadéquation de nos systèmes de transport et de logistique, qui devraient permettre la circulation sans heurts des marchandises. C’est également un facteur qui contribue aux défis auxquels nous sommes confrontés. Le troisième point que je voudrais souligner est que le coût du financement du commerce reste très élevé ».
Wamkele Mene, Secrétaire général du Secrétariat de la ZLECAf – Afrique du Sud
Au-delà des défis physiques, l’intégration économique africaine repose également sur l’harmonisation des cadres juridiques et réglementaires. À ce titre, les juristes africains sont appelés à jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de la ZLECAf. Ils doivent veiller à l’alignement des législations nationales avec les protocoles continentaux, sécuriser les transactions transfrontalières, et contribuer à la résolution des différends. Le développement d’un environnement juridique stable et prévisible est essentiel pour attirer les investisseurs et renforcer la confiance entre les opérateurs économiques africains.
“Je pense que les avocats ont un grand rôle à jouer pour faciliter le commerce intra-africain. C’est très important, comme c’est le cas ailleurs. Les pays africains commencent à mieux commercer entre eux et les juristes sont bien placés pour interpréter les règles. Par exemple, les juristes devraient être en mesure d’aider les femmes et les autres entités qui font du commerce à mettre en œuvre les règles relatives au commerce”.
Roland Abeng, Avocat – Cameroun
La ZLECAf pourrait redéfinir le rôle de l’Afrique dans le commerce mondial. En réduisant les barrières tarifaires et non tarifaires, elle offre aux entreprises africaines l’opportunité d’élargir leur accès aux marchés régionaux, tout en renforçant la compétitivité du continent. Si elle est pleinement opérationnelle, l’accord pourrait non seulement stimuler la transformation industrielle, mais aussi renforcer la résilience des économies africaines face aux chocs externes.