Au Cameroun, les pouvoirs publics ont constaté que les filles sont plus sujettes au décrochage scolaire, en particulier dans les trois régions du Septentrion, qui accusent un retard significatif de développement par rapport à d’autres régions du pays. La situation limite la réalisation des objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020 – 2030 (SND30) qui vise un accès équitable pour tous à l’éducation. Pour y parvenir, le gouvernement mène des actions ciblées à l’endroit des filles dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. C’est notamment le cas du programme SWEDD – mis en œuvre par le gouvernement avec ses partenaires au développement dont la Banque mondiale -, qui a entrepris depuis octobre 2024 de distribuer des kits scolaires à 30 000 filles du Septentrion.
Selon les statistiques de l’Office du Baccalaureat du Cameroun, l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord se retrouvent parmi les quatre régions ayant enregistré le pourcentage de réussite le plus faible à la session 2024 du baccalauréat, examen qui clôt le cursus du secondaire dans le sous-système francophone au Cameroun. La région de l’Extrême-Nord, en particulier, détient un taux de réussite de 20,91%, représentant le taux le plus faible au classement 2024 de l’OBC. Le gouvernement camerounais reconnaît que les trois régions accusent un retard significatif en matière de développement, qui affecte l’accès des populations à l’éducation, et de manière plus accentuée les filles : plus vulnérables et sujettes à des risques d’abandon scolaire du fait de mariages et de grossesses précoces. En adhérant en 2019 au Projet d’autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD), le Cameroun a entrepris de mettre en oeuvre des mesures de soutien à la scolarisation des filles dans les régions du Septentrion. Le 21 octobre 2024, le projet SWEDD a procédé, au lycée de Gashiga dans le Nord, au lancement d’une campagne de distributions de kits scolaires. Objectif : distribuer 30 000 kits à des filles scolarisées dans des établissements francophones et anglophones au Nord, à l’Extrême-Nord et dans l’Adamaoua ;pour pallier la rareté des ressources.
“Par répartition par région, nous avons donc 5359 kits pour la région de l’Adamaoua, 15 036 kits pour la région de l’Extrême-Nord et 9605 kits pour la région du Nord. Il faut dire que la moyenne que pèse un sac de kits est pratiquement de 8 kilogrammes et quand on fait 8×30 000, on est à 240 tonnes. C’est-à-dire qu’en quelques semaines, 240 tonnes de fournitures scolaires seront distribuées dans les trois régions du Nord.”
Alphonse Glory Mbah Ngami, Coordonnateur national du projet SWEDD – Cameroun
Dans la Stratégie nationale de développement 2020 – 2030 du Cameroun (SND30), le gouvernement reconnait “d’importantes disparités régionales et locales” dans le cadre de l’équité et de l’accès à l’éducation. La Stratégie relève que les filles sont les plus concernées et le phénomène varie d’une région à l’autre. Les interventions du projet SWEDD sont spécifiquement dédiées aux adolescentes et jeunes femmes de 10 à 19 ans, identifiées comme les plus vulnérables aux mariages et grossesses précoces et à la déscolarisation. Le projet cible essentiellement les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord.
“Bien évidemment ces transferts concourent globalement à la rétention scolaire aux bénéficiaires. L’acquisition des kits scolaires, leur acheminement jusqu’au dernier kilomètre et la distribution aux bénéficiaire relève du cahier de charges de l’UNFPA, notre partenaire technique. C’est dire que ces kits doivent trouver les enfants au niveau des écoles, pour éviter des risques.”
Alphonse Glory Mbah Ngami, Coordonnateur national du projet SWEDD – Cameroun
En distribuant des fournitures essentielles, aux filles du cours moyen 2 dans le primaire ainsi qu’à celles de la sixième à la terminale dans le secondaire, le projet SWEDD cherche à renforcer le taux de rétention scolaire. D’après des données disponibles sur le site du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, 62% des filles de 10 à 19 ans au Cameroun, soit 1,6 millions des filles, sont vulnérables aux mariages et grossesses précoces et à la déscolarisation. Dans les trois régions du septentrion, cette proportion est évaluée à près de 87%, soit plus de 700 000 filles.