Suite aux accusations de la République Démocratique du Congo, selon lesquelles “le Rwanda a choisi le M23 au lieu de la paix”, le Ministre rwandais des Affaires étrangères s’exprime dans une interview exclusive accordée à Africa 24. Suite à l’absence du Président Kagamé à Luanda en Angola ce dimanche 15 Décembre pour un sommet de paix, Olivier NDUHUNGIREHE insiste sur le report de ce sommet et non de son annulation.
Un sommet sur la sécurité à l’est de la RDC, présenté comme un sommet pour la paix, était prévu ce dimanche 15 décembre à Luanda mais il n’a plus eu lieu. Le président angolais Joao Lourenço, médiateur de l’Union africaine, avait convié les présidents de la RDC et du Rwanda, les deux protagonistes. Si le Président de la RD Congo par sa présence a marqué son engagement pour un dialogue, l’absence du Président Paul Kagame du Rwanda a été fustigée. Une démarche nécessitant au plus haut niveau des explications que le Gouvernement du Rwanda a choisi de donner en exclusivité à Africa 24 à travers le Ministre des affaires étrangères Olivier Nduhungirehe. Pour le Rwanda, des préalables qui étaient nécessaires avant la venue du président Paul Kagame n’ont pas été pris en compte.
“Il y avait un seul sujet à l’ordre du jour, qui était la signature d’un accord entre la RDC et le Rwanda. Et pour préparer ce document, une septième réunion ministérielle avait été convoquée la veille pour examiner ce document et l’adopter pour les chefs d’État. Mais malheureusement à cause de la mauvaise foi et de l’intransigeance de la RDC, on n’a pas pu adopter ce document et donc puisque le seul sujet à l’ordre du jour n’était plus d’actualité, il était inutile que le sommet ait lieu”
Olivier NDUHUNGIREHE, Ministre des Affaires étrangères – Rwanda
En rejetant la demande du Rwanda, qui pose comme préalable une discussion directe entre les autorités congolaises et le groupe armé M23, La République Démocratique du Congo accuse le Rwanda de “choisir le M23 au lieu de la paix”. Ce que les autorités rwandaises contestent. Au cœur de ce conflit qui a fait plus de 6 millions de victimes et des déplacements massifs de la population depuis les années 1990, le M23 s’est imposé comme un facteur majeur de déstabilisation par sa capacité militaire, ses actions terroristes brutales selon les autorités congolaises et ses conquêtes sanglantes du territoire de la RD Congo.
“La question des M23 est une menace pour le Rwanda parce que la RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, le gouvernement congolais a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, des mercenaires européens, des miliciens wazalendo, des génocidaires FDLR; toute cette coalition animée par une idéologie du genocide qui a été apportée par les FDLR mais aussi par un sentiment, une volonté et même une obsession de changement de régime comme l’attestent des nombreuses déclarations du président Tshisekedi qui a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaite renverser le gouvernement du Rwanda”
Olivier NDUHUNGIREHE, Ministre des Affaires étrangères – Rwanda
Le mouvement du 23 mars, également appelé M23, est un groupe armé, actif dans le Nord-Kivu en République Démocratique du Congo. Il a été créé en mai 2012 par des officiers des forces armées de la République Démocratique du Congo, FARDC, entrés en rébellion contre le gouvernement congolais. Les tensions ont pris une tournure plus dramatique depuis 2022 avec le Rwanda dont plusieurs rapports y compris ceux des Nations Unies indiquent le soutien manifeste, opérationnel et matériel de ce mouvement dans la conquête meurtrière du territoire de la RD Congo. Des accusations que contestent le Gouvernement Rwandais estimant qu’il s’agit un problème entre Congolais et qui doit se régler par une démarche inclusive. Selon l’Angola et tous les protagonistes de la paix, seule une véritable rencontre de la paix entre le Président Paul Kagame et son homologue de la RD Congo, Felix Tshisekedi peut apporter une solution pérenne à cette crise.