Au sortir du sommet ordinaire de l’Union Africaine tenu les 18 et 19 février 2023 à Addis Abeba, l’institution a pris des mesures visant une meilleure gestion de la dette des États africains. L’organe panafricain a lancé une banque de données sur l’état de la dette de ses États membres en vue d’améliorer leur gouvernance budgétaire. L’initiative, qui devrait servir de système d’alerte précoce, intervient alors que l’organisme continental poursuit des programmes de développement au sein des États membres.
Dans l’optique d’assurer une meilleure gestion de la dette, l’Union africaine a lancé une banque de données sur l’état de la dette de ses États membres. Au moment où les pays africains cumulent une dette extérieure estimée à 696 milliards de dollars dans leurs efforts de construire des infrastructures, de financer des programmes sociaux cruciaux et de faire face aux déficits budgétaires, la décision prise par l’organe panafricain le 17 février 2023 aidera ses États membres à améliorer leur gouvernance budgétaire.
“La contractualisation de dette relève du pouvoir souverain des différents États. Je pense qu’aujourd’hui, l’on a plus besoin de nous pencher sur l’utilisation de la dette que contractent les différents États à savoir si c’est une dette efficace ou inefficace, si une fois la dette contractée, cela est alloué aux projets qui ont motivé la contractualisation de cette dette là. Je pense que c’est plus ce genre d’éléments là dont les États africains ont besoin. On peut dire que c’est un pas intéressant dans la bonne direction. Après, il faut que cela soit appliqué par les États. Il faut que l’Union africaine puisse faire aboutir ce projet et ensuite se pencher sur l’efficacité de la dette contractée par les États.”
Franck-Stéphane DEDI, Analyste financier – Côte d’Ivoire
Des pays à l’instar de la Zambie cumulent environ 17 milliards de dollars de dette extérieure, dont environ 6 milliards de dollars dus à la Chine. En 2020, au plus fort de la crise du covid-19, le pays est devenu le premier État africain à faire défaut sur sa dette. Le Cameroun, lui, consacre environ 23,8% de ses recettes au service de la dette. L’encours de la dette extérieure de l’Afrique subsaharienne a triplé entre 2010 et fin 2018, passant de 160 milliards de dollars à environ 600 milliards de dollars. Pour l’Union africaine, disposer de données adéquates sur la situation budgétaire devrait servir de système d’alerte précoce.
“Il s’agira d’un observatoire de la dette pour nous permettre de surveiller les situations d’endettement. Nous avons l’intention d’avoir des données en temps réel sur la gestion de la dette dans les pays d’Afrique.”
Albert Muchanga, Commissaire de l’UA au développement économique
Pour les experts, le problème de l’Afrique repose sur les créances irrécouvrables. Les données officielles indiquent que 35% de la dette extérieure du continent est due à des prêteurs privés occidentaux, contre 12% à des prêteurs chinois. Dans plusieurs pays, le service de la dette représente plus de 25% des revenus. En 2022, le continent devrait payer 44 milliards de dollars d’intérêts à ses créanciers extérieurs.