Reportage – Afrique : des écoles formées à l’environnement dans le camp de réfugiés de Kakuma

On vous amène à la découverte des activités environnementales dans le camp de réfugiés de Kakuma, situé dans le comté de Turkana au Nord-ouest du Kenya. Ici, les jeunes étudiants sont répartis dans des groupes pour apprendre les compétences vertes nécessaires pour comprendre les effets du changement climatique et les solutions  environnementales qui impactent directement leur quotidien. 60 écoles du camp de réfugiés de Kakuma sont impliquées dans le projet Green Youth 360 dont nous allons vous présenter les activités.

Cela fait plus de 30 ans que le camp de réfugiés de Kakuma accueille des réfugiés chaque jour. Aujourd’hui, il est peuplé de plus de 300 milles réfugiés. Situé dans le comté de Turkana, au Nord-ouest du Kenya, ce camp souffre drastiquement des conséquences du changement climatique. 

“La plupart des arbres du camp et des environs avaient été détruits par les membres de la communauté d’accueil et les réfugiés à leur arrivée. Ainsi, lorsque les gens plantent à nouveau des arbres, ils complètent les efforts déployés par le gouvernement pour garantir un environnement vert”

Edwin CHABALI, Manager du Camp de Réfugiés de Kakuma – Kenya

Face à cette situation alarmante, un projet a été pensé pour apporter une solution des plus durable au problème de changement climatique. Apprendre aux jeunes âgés de 15 à 24 ans, tout ce qu’il faut savoir sur le changement climatique et tout ce qui peut être fait à leur niveau.

“L’un des objectifs de ce projet est de s’assurer que nous dotons les jeunes de connaissances en matière de compétences vertes, afin qu’ils puissent acquérir des valeurs mais aussi des capacités cognitives pour comprendre comment leur comportement personnel affecte l’environnement et les mesures qu’ils doivent prendre. Le deuxième objectif est de travailler pratiquement avec les jeunes dans différents domaines d’action climatique.”

Dennis MUTISO, Directeur exécutif de Girl Child Network – Kenya

A travers le projet Green Youth 360, les jeunes étudiants sont répartis dans des groupes et apprennent tout sur les actions environnementales qu’ils peuvent entreprendre pour contribuer positivement à la restauration et la protection de l’environnement. Dans 60 écoles du camp de Kakuma, les étudiants choisissent entre le groupe qui s’occupe de la plantation d’arbres, celui de l’agriculture verte, les énergies renouvelables ou encore l’environnement propre.   

“Lorsque nous sommes venus à Kakuma avec nos partenaires pour la première fois, certaines zones étaient vraiment arides, mais maintenant elles sont plus vertes, avec plus d’arbres et de jardins dans presque chaque espace des écoles, ce qui est très rassurant. Un autre motif de fierté est que ces jeunes s’approprient le projet. Ils voient les arbres qu’ils ont plantés et les chaises qu’ils ont fabriquées et sont fiers de leur accomplissement.”

Tareq Al Bakri, Spécialiste des programmes chez Education Above All – Grande Bretagne

A l’école secondaire Kakuma Arid-Zone, étudiants et enseignants connaissent bien le rôle des arbres autour de l’école. Comme le nom l’indique, Kakuma se trouve dans une région semi-aride et ici, il est très difficile de faire croître des arbres. Malgré un taux de réussite de moins de 50%, ils n’arrêtent pas de planter les arbres. 

“L’école n’avait pas d’arbres, tout ceci est venu avec ce programme que nous avons commencé en 2024, ce qui signifie que ce que vous voyez ici est le résultat d’un an et demi de travail acharné. En tant qu’école, nous avons planté des arbres pour changer notre environnement. Je sais que lorsque vous voyez tout cela, vous pensez que c’est normal, mais c’est le résultat du travail acharné des élèves, des éducateurs et des parents. Ces arbres ont rendu cette zone plus propice à l’éducation, plus conviviale pour les apprenants et maintenant un enseignant peut même faire une leçon pour distinguer un arbre exotique d’un arbre indigène et l’apprenant peut le voir physiquement au lieu de seulement l’imaginer.”

Joseph EDUKON, Directeur de Kakuma Arid-Zone Junior School – Kenya

L’impact de la plantation d’arbre et le fait de bien s’en occuper, on le voit très bien à l’école secondaire Blue State. Ici, la différence d’avant la plantation d’arbres et l’après est juste impressionnante. Dans cette école, les étudiants et leurs professeurs ont dû être créatifs et 60% des arbres plantés ont survécu et ont transformé le paysage de toute l’école en un temps record.

“Lorsque j’ai visité cette école pour la première fois, les températures étaient trop élevées et le terrain était trop dénudé, il n’y avait pas d’ombre ni d’air frais. À titre d’initiative, nous avons commencé à planter des arbres pour prendre soin de l’environnement et atténuer les effets du changement climatique. Les arbres n’étaient pas suffisants et en 2022, le Green Youth Club nous a rejoints. La majorité de nos apprenants ont suivi une formation à la plantation d’arbres, après quoi nous avons reçu des arbres à planter dans l’enceinte de l’école. Ensuite, nous avons décidé d’être créatifs car Kakuma est l’un des endroits où le manque d’eau est un grand défi. En tant qu’école, après avoir planté les arbres que Green Youth 360 nous avait donnés, grâce au soutien d’Éducation Above All, nous avons décidé de créer notre propre banque d’eau au sein de l’école afin de nous assurer que nous utilisions le peu d’eau dont nous disposons dans l’école. Nous avons également partagé les responsabilités avec nos élèves afin qu’ils sachent qu’il faut planter un arbre mais aussi l’arroser. Après avoir acquis des connaissances sur les énergies renouvelables et le recyclage, nous avons décidé de recycler les récipients que les élèves reçoivent lorsqu’ils reçoivent leurs rations alimentaires, afin de les utiliser comme arrosoirs dans cette école. En gardant en mémoire que nous avions créé notre banque d’eau au sein de l’école. Ainsi, lorsque les élèves arrivent à l’école le matin, la première chose qu’ils font est d’arroser les arbres.”

Rachel KIBET, Directrice de Blue State Secondary School – Kenya

A l’école secondaire Life Works Tumaine Girls, un groupe des jeunes filles s’active à mélanger l’argile pendant la récréation. Mélangée avec d’autres ingrédients comme du papier, l’argile aide à fabriquer des briquettes combustibles pour remplacer le charbon. A côté, d’autres filles utilisent l’argile pour fabriquer des brasiers éco-responsables. Elles font toutes parties d’un groupe Youth in Renewable energy and Clean Environment.

“Après l’avoir moulé de cette manière, nous le laissons sécher pendant une journée dans un endroit frais. Il est préférable de l’utiliser avec des briquettes afin de conserver la chaleur. Il permet également de prévenir la pollution et d’éviter l’abattage d’arbres, car il n’est pas nécessaire d’utiliser du bois de chauffage. Il libère moins de 50 à 70% du combustible, ce qui contribue à préserver l’environnement et à réduire les émissions de CO2 et de carbone noir qui abiment la couche d’ozone.”

Sammiah PHILIP, Membre du groupe Youth in Clean Environment – Soudan du Sud

De retour à l’école secondaire Kakuma Arid-Zone, nous retrouvons Victor Namuya qui fait partie du groupe sur l’agriculture verte. Leur activité principale pour le moment est le rucher et tout ce qui concerne l’élevage des abeilles.

“Moi et mon groupe faisons ce que nous faisons, nous voulons changer nos vies pour le mieux. Dans nos communautés, les gens ne connaissent pas vraiment l’importance des abeilles. En fait, il y a une rumeur selon laquelle les abeilles sont dangereuses, mais nous voulons être des exemples de canne dans la communauté et montrer qu’en fait, on peut vivre de l’apiculture. Nous savons que c’est une activité qui peut générer des revenus si l’on dispose d’un grand nombre de ruches colonisées pour assurer un approvisionnement continu en miel.”

Victor NAMUYA, Membre du groupe Youth in Green Agriculture – Kenya

Dans toutes les écoles, un autre groupe s’occupe également de la gestion des déchets. Un autre fabrique des chaises en utilisant un arbre invasif qu’on appelle localement mathenge. 

“Le mathenge est une espèce d’arbre très dangereuse et invasive, qui tue les autres arbres parce qu’il consomme beaucoup d’eau. Si nous l’avions laissé autour de ces arbres, ils n’auraient pas poussé. Mais en même temps, nous ne voyons pas que le côté négatif du mathenge, puisque nous avons eu l’idée créative de fabriquer des chaises avec le mathenge coupé. Vous les avez vues dans les salles de classe, les bureaux et les réfectoires. Ainsi, même si nous parlons de l’aspect négatif du mathenge, il n’en demeure pas moins important.”

Josep EDUKON, Directeur de Kakuma Arid-Zone Junior School – Kenya

“En fait, ce projet complète notre programme d’études basé sur les compétences dans les écoles au Kenya. Au départ, notre système éducatif était plus théorique et n’était pas basé sur les compétences. Les activités du projet s’alignent sur notre programme d’études basé sur les compétences, car notre système actuel est purement axé sur les compétences et le savoir-faire.”

Dennis MUTISO, Directeur exécutif de Girl Child Network – Kenya

Alors que les réfugiés subissent de plein fouet les conséquences de la crise climatique, il devient urgent de renforcer les efforts éducatifs sur l’environnement. En quelques années seulement d’intervention dans 60 écoles,  les résultats parlent d’eux-même mais il faut continuer ces efforts en impliquant davantage la communauté hôte. Le camp de Kakuma prouve que même dans l’adversité, l’avenir peut être semé d’espoir.

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