L’enquête du collectif de journalistes Lighthouse Reports et plusieurs médias internationaux dénonce le soutien de l’Union Européenne dans l’abandon des migrants noirs le long des frontières de la Tunisie, du Maroc et de la Mauritanie. Cette enquête, menée pendant plusieurs mois, met notamment l’accent sur le caractère des arrestations racistes et non humaines avec lesquelles ces opérations ont été menées avec le soutien de fonds et de matériel de l’Union Européenne.
Des enquêtes menées depuis début 2024 à l’échelle internationale impliquent l’Union Européenne dans l’abandon des migrants africains dans des déserts de plusieurs pays du Maghreb. D’après le collectif de journalistes « Lighthouse Reports » et sept médias internationaux, des dizaines de milliers de migrants en route vers l’Europe sont continuellement arrêtés et abandonnés en plein désert, au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie, afin de les dissuader de tenter de rejoindre l’UE. Face à ses chefs d’accusation, la Commission européenne a reconnu mardi 21 mai l’existence d’une « situation difficile ».
“Ils nous ont laissés sans eau et sans nourriture. Ils nous ont laissés à cet endroit la, et se sont mis à rire”
Fatemah Ibrahim, Migrante – Nigéria
Selon les conclusions de l’enquête, les migrants appréhendés au Maroc, en Mauritanie et en Tunisie, « en raison de la couleur de leur peau », sont souvent emmenés dans des bus vers des zones désertiques et arides, sans eau ni nourriture. Certains sont même conduits vers des zones frontalières où ils sont vendus à des trafiquants d’êtres humains et à des gangs, qui les soumettent à des tortures en échange de rançons. Pour le collectif de journalistes Lighthouse reports, ce trafic est tout simplement un « système de déplacement de masse » qui « fonctionne grâce à l’argent, les véhicules, l’équipement, le renseignement et les forces de sécurité fournis par l’UE et les pays européens ».
“ Si aucune action n’est prise pour sauver la vie des individus en leur apportant des aides humanitaires immédiatement, et si en plus de cela rien n’est fait pour faciliter l’évacuation de ces personnes de la zone, nous témoigneront un nombre élevé de décès”
Lauren Seibert, Chercheuse auprès de la division des droits des réfugiés( Human Rights Watch) – États-Unis
L’enquête du collectif de journalistes Lighthouse Reports indique ainsi le caractère systématique et raciste des pratiques de maintien des migrants africains sachant que l’Union européenne a conclu des accords avec certains pays dont la Tunisie, le Maroc et la Mauritanie pour la gestion de leurs frontières, par l’entremise du fonds fiduciaire d’urgence. Ce fonds avait été lancé par l’Union européenne en 2015 après un flux important de migrants venant pour la plupart d’Afrique subsaharienne. C’est plus de 400 millions d’euros que ces pays partenaires ont reçu de l’Union Européenne pour gérer les flux migratoires. Les actions de l’Union européenne pour contenir les migrants subsahariens laissent penser que ces derniers constituent le plus grand nombre de migrants en Europe, ce qui est inexact selon diverses données. D’après le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, les Africains ne représenteraient que 8,2 % de l’ensemble des migrants en Europe.
