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Reportage – Cameroun : développement de l’industrie laitière

Le Cameroun, grand consommateur de produits laitiers et détenant l’un des plus importants cheptels bovins d’Afrique au sud du Sahara, est confronté à un paradoxe : il importe chaque année des quantités considérables de lait et de produits laitiers, pour un coût avoisinant les 40 milliards de FCFA. Face à cette situation, la promotion de la production laitière locale s’impose comme une solution économique et stratégique pour le pays.

Le Cameroun importe pour environ 30 milliards de francs CFA annuellement de lait et de produits dérivés. Une importation accrue qui crée un déséquilibre de la balance commerciale entre ce pays et ses partenaires extérieurs. Le pays d’Afrique Centrale possède pourtant un potentiel laitier considérable, avec un cheptel bovin estimé à plus de 10 millions de têtes. Mais sa production laitière reste faible, oscillant autour de 200 000 tonnes par an, loin de couvrir les besoins du marché national. Le prix du litre de lait importé se situe entre 1000 et 1500 FCFA, tandis que le prix du litre de lait local se situe entre 500 et 700 FCFA. Plusieurs raisons expliquent cette différence.

« En fait, le coût moyen des importations du lait au Cameroun pour compenser le déficit que nous connaissons entre l’offre actuelle découlant de la production nationale et de la demande tourne autour de 20 milliards de FCFA par an. Pour réduire le gap ou inverser totalement cette tendance, il faut augmenter substantiellement la production locale du lait et de tous ses sous-produits. A ce sujet, le Cameroun a tout le potentiel. »

ISHAGA DAOUDA, Acteur de développementCameroun

Un soutien financier conséquent de l’Etat du Cameroun aux éleveurs et producteurs de lait est nécessaire, ceci dans le but de les aider à acquérir du matériel, à moderniser leurs installations et à développer de nouvelles techniques d’élevage et de production laitière.

« Selon les statistiques, on importe environs 35 à 40 milliards de lait par an vous voyez en francs CFA c’est vraiment beaucoup,  si on pouvait réduire cela à 70 pour cent, cet argent reste dans l’économie nationale et redistribué aux éleveurs et producteurs, je crois que on aura diminué le chômage, on aura créé beaucoup d’emploi, on aura aussi créé beaucoup de  richesse. »

ABOUBAKAR BAKARI, Producteur de laitCameroun

Dans la région de l’Adamaoua, lieu par excellence de l’élevage bovin au Cameroun et malgré ce potentiel bovin, elle peine à sortir la tête de l’eau à cause de plusieurs facteurs. Selon le rapport de la stratégie nationale de la filière laitière, il faut environ 300 milliards pour une autonomie du pays en produits laitiers. Des investissements qui devraient s’échelonner sur une dizaine d’années. A termes, le pays pourra lui-même commencer à exporter. Malheureusement, jusque-là, l’appui reste insuffisant et pour les éleveurs et producteurs laitiers, l’Etat devrait juste mettre en place une bonne politique de financement locale.

 « Il faut 300 milliards pour arrêter l’importation laitière ; les 300 milliards ce n’est pas pour une année, ce n’est pas pour deux ans, ce n’est pas pour trois ans. Faisons un calcul simple, comme on importe 30 milliards par an, si on investissait les 30 milliards par an dans la production en l’espace de 10 ans on arrête l’importation et on peut déjà exporté le lait. »

BOBBO BAKARI, Secrétaire général de la Confédération nationale des éleveurs du bétailCameroun

Comme le Nord-Ouest, l’extrême Nord le Nord et l’Adamaoua zones d’élevage de bovin, des formations et des ateliers dans le domaine de l’élevage bovin et la production laitière sont très souvent organisés ceci dans le but d’outiller les acteurs de ces deux secteurs à l’amélioration des pratiques d’élevage, la gestion des troupeaux et la production du lait.

« Quand on prend les statistiques de la région de l’Adamaoua si on pouvait mettre cela à profit, ça pourrait alimenter le Cameroun en général mais il y a le nord-Ouest, le Nord il y a l’Extrême-nord il y a même l’Est là où il y a des éleveurs c’est parce que ce n’est pas organisé si on organise, je pense que le Cameroun deviendra un pays exportateur de lait on peut nourrir l’Afrique central. »

ABOUBAKAR BAKARI, Producteur de laitCameroun

Le gouvernement du Cameroun appuyé par ses partenaire depuis plusieurs années a compris l’urgence, il ne cesse de multiplier des initiatives dans le but de trouver des solutions afin de réduire le taux d’importation des produits laitier ceci au travers des formations destinées aux producteurs laitiers et aux éleveurs, l’acquisition des vaches laitières de race montbéliardes et bien d’autres ont donné de l’espoir aux producteurs laitiers. L’ouverture des mini laiteries dans certaines localités du Cameroun Garoua dans le Nord, Meiganga et Ngaoundéré dans l’Adamaoua avait également pour objectif d’encourager la production locale.

« Le Cameroun est engagé suivant le Document de Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030 dont un des piliers majeurs, est l’import-substitution qui vise à produire suffisamment les produits les plus importés par notre pays pour lui épargner de le faire et lui permettre d’épargner ses devises qui devraient servir à les importer tout en satisfaisant la demande des populations voire exporter aussi ces produits vers d’autres pays de la sous région ou autres. Pour y parvenir, c’est toute une stratégie à laquelle est adossé tout un programme dont la mise en œuvre suit un processus échelonné qui est implémenté par le Cameroun. Dans ce cadre, des appuis et accompagnements divers sont apportés aux éleveurs producteurs laitiers et plusieurs investissements devant booster la production laitière sont faits par l’Etat. »

ISHAGA DAOUDA, Acteur de développement

Outre ces problèmes les acteurs souhaitent la mutualisation des efforts de la part des chercheurs africains pour lutter efficacement contre les épizooties. Cette lutte devrait également être généralisée à tous les pays limitrophes au Cameroun, notamment le Tchad, la RCA, le Nigeria. Ce qui est de nature à immuniser les bêtes et accroître la production laitière et de la viande.

 « Quand on voit sur le plan continental le problème est que chaque pays travaille seul en vase clos et ça on ne va pas y arriver. Nous avons des animaux dans certains pays qui arrivent à produire plus de 10 litres ; 10 litres sur le plan africain c’est vraiment une performance il est question donc que les pays africains s’ouvrent que les chercheurs travaillent ensemble, qu’on mutualise nos efforts pour trouver la race africaine productrice de lait aujourd’hui, on est dépendant à 100 pour 100 des races exotiques. »   

BOBBO BAKARI, Secrétaire général , Confédération nationale des éleveurs du bétailCameroun

Des infrastructures de collecte, de transformation et de conservation du lait, la mise en place d’une politique sur la production d’aliment destinée aux bétails sont cruciales pour garantir la qualité et la durabilité de la production laitière.

« Les difficultés que nous avons par exemple, le bœuf qui vient des Pays-Bas donné par le ministère de l’élevage, ces bœufs donnent au moins 25 litres de lait hors nos bœuf d’ici donnent 5 à 7 litres par jour. Nous voulons que le ministère de l’élevage nous encourage avec les aliments pour bétail. »

MOHAMADOU AWAL, Eleveur

« Le premier paramètre, c’était la production alimentaire c’est-à-dire, il faut que l’aliment à bétail soit disponible et à la portée de tous les éleveurs et le deuxième problème, l’Etat est en train de  résoudre ce problème parce que il y a le problème de race de bétail qui produit beaucoup de lait, il y a des races traditionnelles que nous disposons qui ne produisent pas beaucoup c’est-à-dire, vous dépensez beaucoup pour avoir 2 ou 3 litres de lait par vache. »

ABOUBAKAR BAKARI, Producteur de laitCameroun

Pour une bonne autonomie sur les produits laitiers, Il est important de promouvoir les produits laitiers locaux auprès des consommateurs et de mettre en place des circuits de distribution efficaces. Dans la localité d’Idole située dans le département de la Vina, région de l’Adamaoua, un système de collecte de lait a été mis sur pied et qui porte ses fruits. Grâce à l’acquisition de 4 vaches laitières de race montbéliardes, la production du lait pourra atteindre la barre de 250.000 litres en 2024.

« Le centre de collecte de lait d’Idole a collecté et produit 188 643 litres en 2023 et nous comptons arriver à 250.000 litres en 2024 puisque l’arrivée de 4 vaches montbéliardes que nous avons reçu en 2023 a aussi boosté le centre de collecte avec 4 vaches, il nous a produit 8.820 litres en 6 mois. Donc si le gouvernement camerounais dans tous les centres de collecte installé est fonctionnel et sont mis à la disposition des collecteurs les moyens qui peuvent arriver aux différents producteurs, la production du lait ne sera plus  seulement dans la région de l’Adamaoua, elle sera au niveau nationale. »   

BIA MAMOUDOU, Collecteur de laitCameroun

En lançant l’initiative « Lait Camerounais »: Le gouvernement du Cameroun soutient ainsi la production laitière locale. Cette initiative comprend des programmes de subvention, de formation et d’investissement dans les infrastructures de productions laitières.

« Je pense que beaucoup est déjà fait par l’Etat en vue d’augmenter substantiellement la production laitière. Cet acquis doit être maintenu. En plus et pour atteindre des résultats significatifs et plus rapides, l’Etat devrait investir davantage à l’amélioration des vaches, à la production suffisante du foin et de l’eau, principaux intrants pour avoir un niveau de production de lait satisfaisant par vache, à la bonne couverture sanitaire des animaux et au traitement adéquat des pâturages, à la production des équipements et infrastructures, de modernisation de l’élevage et à trouver des solutions idoines pour prendre en compte les effets des changements climatiques tout en arrivant à opérer un changement des habitudes de la pratique de cette activité chez les éleveurs. En même temps, tout cela devra se faire de manière participative et inclusive pour espérer, l’atteinte des objectifs escomptés. »

ISHAGA DAOUDA , Acteur de développementCameroun

Le marché camerounais des produits laitiers est en pleine croissance. La demande est forte, et la consommation de produits laitiers devrait augmenter au cours des prochaines années. Encourager la production locale de lait, c’est non seulement réduire les importations et dynamiser l’économie locale, mais aussi garantir un prix du lait accessible aux consommateurs camerounais. Le lait local, plus frais et souvent plus riche en nutriments, pourrait devenir un atout majeur pour la santé des populations camerounaises. Pour une production locale plus importante et permanente, les éleveurs et acteurs de la filière laitière appellent à une implication plus efficace de l’Etat

 « Sur le plan camerounais, il y a beaucoup de facteurs qui bloquent, d’abord nos animaux ne sont pas producteurs de lait, il faut chercher des génétiques ailleurs pour développer cela et nous avons commencé, le ministère dans sa politique a commencé à importer les montbéliardes pour booster la production laitière et le ministère avec les secteurs privés est en train de développer l’insémination artificielle pour améliorer significativement la production. Mais on ne va pas y arriver tant qu’on ne va pas beaucoup investir dans la production laitière. »  

BOBBO BAKARI, Secrétaire général de la Confédération nationale des éleveurs du bétailCameroun

« Aujourd’hui, quand on évalue un peu la fuite des capitaux à travers les importations pour le lait et les produits laitiers au Cameroun, c’est énorme, c’est à hauteur des milliards ce qui n’est pas le cas avec la viande. Donc je pense que notre gouvernement a fait déjà un premier pas, il y a eu des éleveurs pionniers pour ces races-là, mon souhait c’est que tous les acteurs adhèrent à ce projet et que le gouvernement continue également à faire importer ces aliments pour les mettre à la disposition de nos producteurs si non on va continuer toujours à dépendre du lait extérieur et de quel lait le lait de mauvaise qualité. »     

Dr HAYATOU, Expert en élevage et production laitièreCameroun

« La race que vous voyez ici passer, c’est la race Goudali c’est la meilleure qualité depuis longtemps, nous ne faisons pas venir les animaux d’ailleurs c’est la meilleure race donc comme vous le voyez, nous traitons bien les animaux, nous les nourrissons bien cela nous aide à produire de la viande de qualité et le lait en quantité. »

ABDOUL MALIKI BAKARI, EleveurCameroun

Au moment où le pays amorce son autonomie, le secteur élevage occupe une place de choix dont il faut davantage soutenir pour parvenir au rééquilibrage de la balance commerciale. La valorisation de la production laitière locale est un enjeu crucial pour le développement économique du Cameroun. En réduisant la dépendance aux importations, le pays peut créer des emplois, stimuler l’économie rurale et améliorer la sécurité alimentaire. Il est temps de s’engager pleinement dans la promotion de la production laitière camerounaise.

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