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Reportage – Cameroun : modernisation de l’élevage bovin

La production laitière au Cameroun, particulièrement dans la région de l’Adamaoua, fait l’objet de nombreux efforts pour accroître la productivité et réduire le déficit national en produits laitiers. En 2023, la production laitière a atteint 176 618 tonnes, soit 88 % de l’objectif annuel fixé à 200 000 tonnes, mais reste insuffisante pour couvrir la demande locale, estimée à 787 000 tonnes à l’horizon 2030. Le déficit laitier a incité le Cameroun à dépendre des importations, avec environ 17 217 tonnes de lait en poudre importées en 2023 pour un coût de 35 milliards de FCFA. Dans ce pays d’Afrique Central, le gouvernement opte pour l’insémination artificielle bovine qui a pour but de booster la production laitière et le cheptel bovin camerounais.

Dans les hauts plateaux de l’Adamaoua, terre de pâturages infinis et berceau du bétail camerounais, des milliers de familles vivent au rythme de l’élevage bovin. Ici, la vache n’est pas seulement une source de revenus, mais aussi un symbole de richesse et de survie. Pourtant un défi persiste, la faible productivité des races locales. Avec une production nationale estimée à 176 618 tonnes en 2023, le Cameroun reste loin de satisfaire sa demande intérieure évaluée à plus de 700 000 tonnes. Alors que les importations pèsent lourdement sur l’économie nationale, notamment avec environ 17 217 tonnes de lait en poudre importées en 2023 pour un coût de 35 milliards de FCFA, une question s’avère importante : comment booster la production laitière locale ?

“Le lait a une valeur ajoutée dans l’élevage. Nous avons commencé par faire le tri de nos animaux.  Ceux qui sont issus de la race locale, nous avons eu à faire une certaine sélection où nous avons sorti certains qui sont plus ou moins des productrices.  Il faut reconnaître que la race locale a une production de 3 litres de lait par animal par jour.  On s’est rendu compte que c’est un secteur porteur. Avec ça, nous nous sommes procuré quelques animaux de type laitier, notamment les Holstein qu’on a fait venir de la région du Nord-Ouest.”

BELLO ISMAILA, Eleveur, producteur laitierCameroun

Face à cette situation, une révolution silencieuse est en marche. Le gouvernement du Cameroun a élaboré le Plan intégré d’import-substitution agro-pastoral et halieutique  pour la période 2024-2026, programme qui bénéficie d’une enveloppe de 1 371 milliards de FCFA. Ce plan vise à améliorer la production laitière en renforçant l’accès aux infrastructures, en sécurisant les périmètres agricoles et pastoraux, et en améliorant les circuits de commercialisation. L’objectif poursuivi est d’augmenter la production nationale de 10 % par an et de réduire les importations de produits laitiers de 40 % d’ici 2026. Grâce  à l’insémination artificielle bovine, technique qui permet d’améliorer la productivité du bétail et la qualité du lait au Cameroun. Ainsi, les éleveurs voient leurs rêves de prospérité devenir possibles. 

“Le premier objectif de l’insémination artificielle, c’est l’amélioration de la race. C’est grâce à l’insémination artificielle qu’on peut améliorer la productivité de nos races. Donc la plupart des races que nous avons au Cameroun, produisent au maximum 2 à 3 litres de lait par jour. Donc ce sont des races qui ont une faible productivité. Avec les semences améliorées, c’est-à-dire des races Montbéliard ou des races Holstein, qui sont des races fortement productives, on peut inséminer une  matrice locale comme la Goudalie, ou bien la race Acour, ou bien la race Djaffoun, pour espérer avoir des métisses donc la productivité va être améliorée donc après l’insémination artificielle, on a eu des métis, qui ont donné jusqu’à 10 litres de lait.”

IBRAHIMA DJIBO, Docteur vétérinaireCameroun

“Les Montbéliard que nous avons, ce sont des animaux de race pure, des génisses gestantes qui étaient importés par le gouvernement Camerounais à travers le ministère de l’Élevage, de la Pêche et des industries de animal. Donc là, nous avons des animaux qui nous produisent 20, 30…  Nous avons des animaux qui nous produisent plus de 35 litres de lait par jour. Aujourd’hui, la production est de 500 litres de lait par jour que nous sortons. Donc là, on est en train de croître dans la production, ce qui ne va pas s’arrêter.”

BELLO ISMAILA, Eleveur, producteur laitierCameroun

Entre défis et espoirs ; plongeons ensemble dans le quotidien des éleveurs pour explorer comment les politiques publiques et les innovations techniques transforment la filière laitière. Bienvenue dans ce voyage au cœur de l’Adamaoua, où chaque goutte de lait compte. Nous nous rendons à 34 kilomètre de ngaoundéré dans la localité de Tchabal arrondissement de ngaoundéré 3ème. au sein de l’exploitation dénommée Waldé Wailla. Ici depuis quelques années, la technique de l’insémination artificielle bovine pratiquée porte déjà des fruits. 

“Ici, nous sommes en train de faire ce qu’on appelle le procédé de synchronisation de chaleur sur nos vaches  en vue d’une insémination artificielle. Donc ce que nous venons de réaliser actuellement, il y a plusieurs types de protocoles pour induire de la chaleur sur les vaches. Mais ce que nous utilisons, c’est le protocole CEVA qui consiste à utiliser les hormones et la prid delta. Le procédé se passe de la manière suivante. Le jour zéro, on met des prid delta  qui vont passer sept jours à libérer de la progestérone dans l’utérus et cette progestérone va prolonger la phase lutéale sur les vaches et également sur les vaches qui sont en phase folliculaire.  Ça va stopper la maturation des follicules, ce qui va mettre toutes les vaches au même stade. Et puis, après sept jours, on retire la prid delta  et on injecte directement de la prostaglandine. Lorsqu’on injecte de la prostaglandine, ça va induire les chaleurs sur toutes les vaches.”

DJIBRILLA, Technicien d’élevageCameroun

Malgré ses avantages, l’insémination artificielle fait face à certains défis dans cette région en occurrence le manque de techniciens qualifiés, le coût élevé des intrants, notamment pour l’acquisition des semences de qualité, les équipements adéquats et le suivi minutieux de cette activité pour des résultats optimum   

“Les objectifs de l’insémination artificielle dans nos exploitations sont assez nombreux.  Déjà, ça nous permet de faire accroître assez rapidement les animaux. Parce qu’en un an, en 12 mois, on a un veau, ce qui donne une multiplication assez rapide. Et de l’autre côté, ça nous permet également de garder la pureté de la race que nous élevons, en particulier la Montbéliarde. 

BELLO ISMAILA, Eleveur, producteur laitierCameroun

La technique de l’insémination artificielle bovine, consiste à introduire de manière contrôlée une semence sélectionnée pour ses qualités génétiques dans l’appareil reproducteur d’une vache locale. tout ceci en respectant un protocole bien établi. Résultat : des veaux plus robustes ; des vaches plus productrices et des éleveurs plus satisfaits. 

Grâce à des efforts du gouvernement soutenu par des partenaires, l’insémination artificielle bovine s’impose progressivement comme une solution durable, mais son adoption à grande échelle nécessite encore des actions concertées. Les outils scientifiques à disposition sont  mis à profit pour garantir une bonne reproduction et augmenter le nombre de têtes de cheptel en bonne santé.

“L’insémination artificielle permet aussi de réduire les maladies que nous avons,  les maladies que nous appelons les maladies vénériennes. Je m’explique, quand vous avez  une ferme qui est gérée par monte  naturelle par un taureau, si le taureau est atteint d’une  pathologie, il va contaminer toutes les femelles de la ferme, surtout à travers ce qu’on appelle les maladies vénériennes. Grâce à l’insémination artificielle, on peut éviter ce genre de pathologie. L’insémination artificielle nous permet d’éviter le problème de consanguinité, comme ce que nous vivons aujourd’hui avec la goudalie. Car, avec l’insémination artificielle, on a la possibilité de changer de taureau régulièrement. Donc, une seule paillette, c’est un taureau. Et dans une bouteille, dans une bonbonne, une cuve d’insémination, on peut avoir  2000 à 3000 taureaux. Vous voyez la différence?” 

IBRAHIMA DJIBO, Docteur vétérinaireCameroun

Grâce aux initiatives gouvernementales à travers des programmes tels que le PRODEL et le soutien des coopératives locales, l’insémination artificielle bovine offre une alternative durable pour combler le déficit laitier national tout en améliorant les revenus des éleveurs.

En collaboration avec des partenaires comme la Banque mondiale et la SND30, le Cameroun a mis en œuvre des programmes pour soutenir l’implantation de l’insémination artificielle à grande échelle. Les politiques actuelles, soutenues par ces partenaires, visent à renforcer les capacités des éleveurs et à créer une filière laitière plus durable et autosuffisante au Cameroun. Les éleveurs sont à bonne école et désormais maîtrise les enjeux de la science dans leurs pratiques quotidiennes.

“En fait, à notre niveau, nous ne pouvons dire que c’est réussi. Même de façon générale, cette importation de vaches. J’en profite pour tirer un coup de chapeau au ministre de l’Élevage, à la personne de Dr Taïga,  qui a posé un acte vraiment concret. Donc, si l’État, à travers le ministre de l’Élevage, a eu à poser cet acte, il nous revient à nous, éleveurs, bénéficiaires de cela, de conserver cela jalousement, montrer à l’État que nous pouvons le faire.”

BELLO ISMAILA, Eleveur, producteur laitierCameroun

L’insémination artificielle bovine au-delà d’être une innovation est devenue un pilier essentiel de la modernisation de l’élevage. Son introduction répond à des objectifs multiples et s’appuie sur des procédés précis, alliant science et savoir-faire. La coopération régionale, la recherche génétique avec les  innovations technologiques comme l’insémination artificielle et l’amélioration des circuits de commercialisation sont des pistes explorées qui offrent des opportunités concrètes pour un avenir plus autosuffisant, renforcer la résilience du secteur et atteindre une production locale suffisante pour réduire la dépendance aux importations et permettre à l’Adamaoua et au Cameroun de devenir des acteurs clés de la production laitière en Afrique centrale.

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