La capitale marocaine a accueilli une importante table ronde durant plusieurs jours des ministres centrafricains, des partenaires techniques et financiers, et des investisseurs privés. L’objectif principal de ces échanges était de dynamiser la relance économique de la République centrafricaine et de mobiliser les financements nécessaires à son Plan national de développement
La République centrafricaine, pays enclavé d’Afrique centrale, couvre environ 623 000 km², avec une population estimée à 5,2 à 5,5 millions d’habitants. Malgré ses ressources naturelles, forêts, minerais, terres arables. Le pays est confronté à des défis majeurs : pauvreté, faibles infrastructures, capacités réduites de l’État. Avec son Plan national de développement 2024- 2028 dont le financement a donné lieu à la tenue de la table ronde des investisseurs les 14 et 15 septembre 2025 à Casablanca au maroc, le pays d’Afrique centrale vise une relance économique forte, l’amélioration des services publics, la cohésion sociale et l’attraction des investissements étrangers.
“Au terme de ces journées intenses de réflexion et de partage, c’est une émotion sincère et une fierté profonde qui m’animent. Casablanca restera à jamais gravée dans notre mémoire collective comme le point de départ d’une nouvelle étape dans la transformation de la République centrafricaine.”
Faustin Archange Touadera, Président de la République – Centrafrique
L’accueil à Casablanca de la table ronde des investisseurs de la République centrafricaine démontrant une fois de plus la vision du Maroc pour des partenariats intra-africains, illustre la volonté du royaume de catalyseur des dynamiques continentales et d’accompagner ses partenaires dans leur quête de développement.
“ L’organisation de cet événement à Casablanca revêt une symbolique très forte. Cette ville occupe une place particulière dans l’histoire de l’émancipation des peuples africains, mais elle incarne également, par son dynamisme et son développement, l’émergence du continent africain. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, n’a cessé depuis son intronisation de plaider et d’agir pour une Afrique stable, moderne, ouverte, prospère et confiante en elle-même — une Afrique qui assume et prend en charge son propre avenir. ”
Nadia Fettah , Ministre des Finances – Maroc
Comprenant au total 58 projets pour un coût global estimé à 12,8 milliards de dollars, l’objectif de la table ronde de deux jours a tenu ses promesses selon les autorités du pays avec près de 9 milliards de dollars de promesses de financements, assortis de 18 protocoles d’accords signés.
“C’est une somme importante, 9 milliards de dollars, qui seront consacrés aux travaux du Plan national de développement. Je peux vous confirmer avec conviction et force que cela représente un grand succès pour notre pays.”
Richard Filakota, Ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale – Centrafrique
La Banque mondiale de son côté a annoncé un accompagnement 600 millions USD soit 369 milliard CFA en fonds et appui technique pour accompagner les projets prioritaires du pays.
“ Il est essentiel que la République centrafricaine identifie les bonnes initiatives et les programmes que propose le Groupe de la Banque mondiale, afin de les mettre en œuvre efficacement et d’accélérer le développement.”
Marlène Nzengue, Administratrice suppléante du Groupe de la Banque mondiale pour la RCA – Centrafrique
Le Fonds monétaire international a de son côté salué les efforts du pays pour cette mobilisation de financement de son PND et sa capacité de mobilisation de ressources internes.
“ Cette Table ronde a réuni environ 400 participants issus de divers horizons : le secteur public, avec une importante délégation conduite par le Chef de l’État, mais aussi de nombreux investisseurs du secteur privé, ainsi que mes collègues de la Banque mondiale et de la SFI. Ensemble, nous avons examiné les 35 à 37 projets qui ont été soumis, et à ce jour, nous enregistrons des engagements ou promesses d’investissement estimés entre 7 et 10 milliards de dollars.”
Fatou ASSAH , Directrice exécutive adjointe du FMI pour la RCA – Centrafrique
Au-delà des financements, la table ronde a été l’occasion pour les autorités du pays de redorer l’image de la République centrafricaine auprès des partenaires internationaux.
“ Ce qui est très rassurant, c’est de constater que l’image de la République centrafricaine a changé aux yeux de nos partenaires techniques, financiers et des investisseurs privés. Il y a eu une forte mobilisation au Maroc pour mieux comprendre nos besoins et dialoguer directement avec le gouvernement. Cela est très encourageant. ”
Sylvie Noteïfeï Baïpo-Temon, Ministre des Affaires étrangères – Centrafrique
L’accès à l’électricité est un des obstacles majeurs pour le développement. En 2022, seulement 8 % des ménages avaient une connexion au réseau national. Avec les nouveaux financements, le gouvernement ambitionne de porter ce taux à 20 à 25 % d’ici 2028 (objectif gouvernemental). Les projets signés comprennent la construction de centrales, la montée en puissance de la production, ainsi que le renforcement du réseau de distribution sur tout le territoire.
“ Nous avons signé un mémorandum d’entente avec une société américaine qui s’engage à financer la construction de plus de 500 mégawatts et à mettre en place le réseau de distribution sur l’ensemble du territoire national. ”
Arthur Piri, Ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique – Centrafrique
Mais l’énergie n’est pas le seul défi. Les infrastructures routières et publiques occupent une place centrale dans les priorités Les axes routiers et les ponts sont essentiels pour relier les provinces, fluidifier les échanges et réduire les coûts logistiques. La table ronde a prévu de financer plus de 3000 kilomètres de routes sur la période 2025-2028, avec un calendrier d’exécution échelonné.
“Nous allons, comme cela a été initié au départ, constituer un fonds de contrepartie. C’est sur la base des prévisions de recettes que nous pourrons nous rapprocher de nos partenaires financiers afin de mobiliser les ressources indispensables au financement de ces infrastructures, essentielles au développement de notre pays.”
Éric Rokossé Kamot , Ministre de l’Équipement et des Travaux publics – Centrafrique
Du côté du secteur privé, l’appel a été lancé à la diaspora et aux investisseurs internationaux pour s’engager en Centrafrique.
“ À nos collègues chefs d’entreprises à l’étranger, je veux dire : n’ayez pas peur. C’est fini la Centrafrique des mutineries et des affrontements. La sécurité est revenue. Nous sommes prêts à partager avec vous nos richesses et les fruits de nos réflexions. ”
Gilbert Ngresenguet, Président de l’Union nationale du patronat centrafricain – Centrafrique
Le plan 2024-2028 ouvre la voie, mais il faudra aller au-delà. Certains acteurs estiment qu’une manne supplémentaire de 3 à 5 milliards USD serait nécessaire après 2028 pour couvrir les secteurs non encore ciblés.
“ Au-delà de 2028, nous aurons nécessairement besoin d’une manne financière supplémentaire pour aborder d’autres secteurs non listés aujourd’hui, mais qui contribueront de manière massive au relèvement de l’économie centrafricaine. ”
Yvon Smits, Directeur du groupement GICA – Centrafrique
Enfin, la protection de l’environnement a été inscrite parmi les priorités, la Centrafrique possédant l’une des dernières forêts denses du bassin du Congo, véritable poumon de la planète.
“Pour éviter que nos forêts ne deviennent un désert, il faut préserver ce joyau mondial. Si vous regardez bien, la partie nord est déjà affectée par le changement climatique. Pour sauver cette richesse planétaire, il faut investir massivement en Centrafrique.”
Jean-Luc Tété, Président de la Société des industries agricoles durables – Centrafrique
Au-delà de cette mobilisation de financement, la mise en œuvre effective et rigoureuse de ce Plan demeurent un enjeu majeur pour la République Centrafricaine pour la réalisation de son potentiel et offrir un avenir meilleur à ses citoyens.


