Dans la région de l’Adamaoua, au cœur de la ville de Ngaoundéré, notre reporter est allé vivre deux moments forts du lamidat de Ngaoundéré : la Fadah, une institution traditionnelle majeure, et la Fantasia, l’une des manifestations culturelles les plus spectaculaires. qui témoignent de la richesse et de la vitalité d’un patrimoine culturel jalousement préservé.
Assis sur son trône majestueux, le lamido de Ngaoundéré, sa Majesté Mohamadou Hayatou Issa, dans son costume royal, accueille les chefs de deuxième et troisième degré ainsi que les notables et dignitaires de la cour du lamidat. En file indienne, et dans leurs somptueux costumes, chaque autorité traditionnelle lève ses deux poings en signe d’allégeance en souhaitant des vœux pieux pour le monarque, avant de s’asseoir en forme de grappes autour du lamido. La fada est réunie.
La Fadah est constituée des grands dignitaires, j’entends les grands dignitaires, les hauts notables de la cour, les chefs de quartier, certaines personnalités phares de la ville qui viennent souvent prendre part ; y compris la fanfare qui est un élément fondamental dans la Fadah du lamidat de Ngaoundéré.
ABOUBAKAR, Secrétaire général du lamidat de Ngaoundéré
La Fada, qui se tient généralement tous les vendredis avant la grande prière et les dimanches, est une plateforme de communication et d’information. Les grands événements et les politiques publiques du gouvernement y sont présentés, avec pour objectif de sensibiliser et d’informer l’ensemble de la population. Grâce aux chefs de village et de quartiers présents, l’information est relayée rapidement et efficacement aux populations, facilitant ainsi la cohésion sociale et le maintien de l’ordre.
Le Lamido est motivé et galvanisé pour le développement de la ville. Pourquoi ? parce que c’est son rôle premier il est le lamido de tout le monde, si la ville de Ngaoundéré ne se développe pas il sera le premier concerné, il doit tout faire afin de pouvoir amener sa population à œuvrer pour le développement, pour la prospérité de la ville de Ngaoundéré.
ABOUBAKAR, Secrétaire général du lamidat de Ngaoundéré
Aujourd’hui est un jour spécial, les chefs venus nombreux prendre part à la Fadah ne rentreront pas tout de suite. Ils doivent être aux côtés du Lamido qui doit effectuer un tour de ville accompagné de ses cavaliers question de toucher du doigt certaines réalités, de prendre le pouls dans les quartiers et de communier avec les populations. Alignés le long des rues, les populations lèvent les poings en signe d’allégeance au lamido lors de son passage. Cet évènement est un moment d’intense communion entre le chef et son peuple.
La Fantasia à Ngaoundéré n’est pas un événement ordinaire, elle est organisée lors de grandes occasions, souvent en lien avec des fêtes religieuses. Parfois, elle peut aussi être organisée lors de visites importantes, pour honorer des dignitaires ou des personnalités de marque.
La fanfare traditionnelle incontournable, ajoute une touche éclatante à cette fête. Parallèlement, les griots accompagnent le cortège à pied, chantant les louanges du lamido et invoquant Dieu pour le bien-être et la prospérité pour l’ensemble de la communauté.
La fantasia c’est toute autre chose que la Fadah parce que quand vous parlez de la Fadah, vous voyez les grands dignitaires assis à même le sol, mais quand vous parlez de la Fantasia, vous voyez d’abord les chevaux, il faut que tout le monde soit à cheval, bien habillé et en train de faire la cavale cadre.
ABOUBAKAR, Secrétaire général du lamidat de Ngaoundéré
Sous la direction du Sarki Kalissa,une personnalité respectée pour ses connaissances équestres, la Fantasia est un déploiement impressionnant de cavaliers en tenue traditionnelle, armés de lances et de sabres, montés sur des chevaux richement harnachés. Au son des tambours et des cornes, des trompettes et flûtes des centaines de cavaliers, parés de leurs plus beaux atours, défilent devant le lamido, chef spirituel et traditionnel du peuple. Chacun des mouvements, chaque saut du cheval, est une démonstration de bravoure et de respect pour une tradition qui se transmet de génération en génération. Ici, le cheval est roi et les cavaliers, de véritables héros. La participation du lamido lui-même est un élément central de l’événement, renforçant le lien entre le monarque et ses sujets.Un événement qui, au-delà du folklore, joue un rôle clé dans la cohésion sociale et la transmission des valeurs culturelles.
