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Reportage – Centrafrique : la digitalisation pour stimuler les finances publiques

La digitalisation, un instrument désormais au cœur des perspectives de développement des politiques centrafricaines en faveur de la croissance. Les autorités centrafricaines, soucieuses de l’amélioration de la gouvernance publique, sont à l’œuvre pour accélérer et promouvoir la digitalisation pour améliorer la qualité des services et stimuler les recettes de diverses administrations et structures.

Bangui, capitale politique de la République Centrafricaine. Le siège des institutions de ce pays d’Afrique centrale se remet progressivement de plus d’une décennie de crises, causées notamment par le coup d’État mené par les rebelles Séléka en mars 2013. Pour les autorités centrafricaines, qui saluent les efforts et les résultats obtenus à date grâce aux programmes et politiques entrepris, les défis que le pays rencontre aujourd’hui sont surmontables grâce à une meilleure gouvernance publique. Face aux enjeux de la modernisation, dans un souci de redressement et de développement du pays qu’il dirige, le président de la République, Faustin Archange Touadera, dans la mouvance de l’arrimage aux évolutions technologiques, a opté pour la digitalisation en vue de moderniser les administrations publiques. 

Le digital est un levier dont on peut attendre des dividendes certaines à travers la simplification des processus pour faciliter la vie des contribuables par le gain de temps généré dans le traitement des dossiers mais aussi un outil efficace de lutte contre la corruption et pour la sécurisation des finances publiques, tant en matière de mobilisation de recettes intérieures que pour l’exécution des dépenses. 

Faustin Archange Touadéra, Président de la RépubliqueCentrafrique

“La digitalisation supprime les intéractions entre les hommes, ce qui veut dire très clairement, en termes d’amélioration de la gouvernance et de la transparence, il n’y a pas meilleur mécanisme qu’un mécanisme digital.”

Hervé Ndoba, Ministre des Finances et du BudgetCentrafrique

Rentabiliser optimalement l’administration centrafricaine, c’est le défi que veut relever le président de la République à travers la digitalisation de celle-ci. Le service public centrafricain compte un peu moins de 2000 agents pour 6,1 millions d’habitants répartis sur 623 000 km² de territoire. L’impératif de régler l’adéquation entre leur effectif et un service de qualité se pose afin d’atteindre les objectifs d’une administration efficiente au service du développement. L’implémentation de cette volonté a débuté avec l’administration financière de ce pays d’Afrique centrale à travers une série d’applicatifs qui, opérationnels et interconnectés, devraient permettre d’assurer une transparence dans la gestion des ressources financières du pays. Les améliorations sont attendues au niveau des dépenses, des recettes, mais aussi de la gestion du personnel. E-tax, en faveur de la facilitation la télédéclaration des contribuables,  eTVA, pour le prélèvement automatique de la TVA, Sydonia World, qui consacre la dématérialisation des procédures de dédouanement;  Sim_Ba, pour la préparation et l’exécution du budget. Sygade, pour la gestion de la dette publique; mais d’autres, Girafe, Patapaye, Pata polele etc.  

“Vous avez pu voir dans la vidéo qui a été présentée un nombre impressionnant d’outils que nous avons développés. Il faut que ces outils puissent se parler pour que le contrôle soit efficace, pour que l’information puisse être bien contrôlée et que les redressements puissent être fait.”

Hervé Ndoba, Ministre des Finances et du BudgetCentrafrique

“La digitalisation s’impose à nous, si on se souvient de tout ce par quoi nous sommes passés en période de crise de Covid19. C’est déjà un souci pour pérenniser l’activité en période de crise. L’avantage c’est que ça permettra comme dans tout principe de digitalisation, aux contribuables d’exécuter ces déclarations dans un climat plus aisé, et avec moins de soucis ou de tracasseries.”

Kobondit-Douathe Romain, Directeur général des ImpôtsCentrafrique

“Girafe, c’est ce logiciel qui permet de faire la prise en charge des dossiers liés au payement des salaires d’un service à un autre. Au niveau de la direction de la solde, par rapport au circuit interne de traitement de salaire, il y a plusieurs services qui sont interconnectés avec ce logiciel. donc la présence des acteurs de la fonction publique dans le traitement des salaires permet la vérification de l’authenticité de ces actes avant leur prise en charge.”

Kpanou Jean Armel, Directeur de la Solde et du BudgetCentrafrique

“Pata paye est la solution à la dématérialisation du paiement des salaires des fonctionnaires et agents de l’État. Cette solution permet à l’agent de rester dans son lieu de service et percevoir directement son salaire à travers les services de paiements mobiles.”

Audrey priscilla Wenzoui, Directrice du système d’informationCentrafrique

“Sim_Ba permet le processus de mise en place de la loi des finances, après ce processus, en termes de dépenses et de recettes, on passe à l’exécution. Tout cela est embarqué dans le système et le plus grand apport c’est la production des rapports financiers que cet applicatif produit. Donc il y a la traçabilité qui est là, et en plus la production des rapports financiers en temps réel.”

Hyacinthe Gombe Degueret, Chef de projet Sim_BaCentrafrique

A Bangui, nous sommes allés toucher du doigt les bénéfices de l’implémentation de la digitalisation des services financiers. Premier arrêt, aéroport de M’poko, Bangui. Ici, les brigadiers de la Douane centrafricaine sont à l’œuvre pour diligenter la réception et la vérification des cargaisons venus de différentes destinations. Après cet exercice, ils procèdent à l’enregistrement avant de poursuivre les opérations sur l’ordinateur à travers Sydonia World. Autre lieu, scénario quasi identique. Nous sommes au port sec de Bangui, à 26 km du centre ville de la capitale centrafricaine. Ici transitent mensuellement environ 1200 cargaisons conteneurisées et non conteneurisées pour des recettes évaluées à près de 2 milliards de Francs CFA. Nous trouvons Diarra, un commerçant centrafricain, dont la cargaison est arrivée il y a peu. Diarra importe des produits agroalimentaires du Cameroun, et d’autres consommables du Nigéria voisin, notamment du matériel roulant et d’équipement. Par les bonnes saisons et dépendamment de la stabilité aux frontières, il peut faire venir deux cargaisons toutes les semaines. Les agents de la douanes procèdent à l’écor. Il s’agit de vérifier si la qualité, la quantité et la conformité des produits sont exacts par rapport aux déclarations. Diarra salue la mise en place du nouveau procédé qui simplifie son activité, lui permet de faire des économies et l’épargne des tracasseries. 

“On constate une nette amélioration dans le processus de dédouanement. Par le passé, le travail se faisait autrement, maintenant la cargaison est évaluée conformément au contenu. Le prix que je vais payer est celui que j’ai préconisé, selon les normes. Je suis satisfait, il n’y a plus de tracasseries comme par le passé, elles sont minimisées et après leurs travail, je peux disposer de ma marchandise.”

Mahamat Diarra, Commerçant, importateurCentrafrique

La digitalisation des services douaniers, notamment à travers Sydonia World, permet une célérité dans le traitement des dossiers de transit et de douane. Au port sec de Bangui, outre l’écor, qui peut prendre du temps à cause de la manutention, un commerçant peut disposer de sa marchandise au bout de 2h au maximum. 

“ça facilite beaucoup la tâche, le traitement des dossiers, des déclarations qu’on peut traiter dans un temps réel. Quand un usager ou un opérateur économique arrive à la douane, il n’a pas beaucoup de temps à passer. Puisque avec Sydonia world on traite rapidement le dossier, et l’opérateur peut entrer en possession de ses marchandises dans un temps record.”

Gotologue Arnold Bienvenu, Chef de bureau du port secCentrafrique

Une gestion efficiente du flux de marchandises qui transite par ce port sec, grâce à ces nouveaux outils devrait permettre de stimuler ses recettes. En plus, l’outil technologique de dernière génération, dédié à la collecte de recettes douanières, permet au jour le jour de savoir la nature, la qualité et la valeur au centime près, des opérations effectuées sur  une période donnée.

“Aujourd’hui avec l’application Sydonia, on peut accéder à toutes les déclarations dans tous les bureaux, y compris dans les déclarations saisies depuis le bureau unique. Aussi, il y a l’échange facile avec les autres systèmes.”

Mayah Tanguy , Chef de service informatique douaneCentrafrique 

“Nous avons constaté au niveau du guichet unique, une nette amélioration des scores. Depuis l’implémentation de Sydonia world au niveau du guichet unique de Douala au mois de mai 2023, il y a eu un accroissement des chiffres de l’ordre de 10 à 15%, ce qui n’est pas négligeable.”

Carla Dea-Koffemba, Chargée de mission innovation numériqueCentrafrique

Dans un contexte d’amenuisement de l’aide au développement et au regard de ses ambitions de développement, la République Centrafricaine doit pouvoir compter sur ses ressources internes. Des ressources qui, au regard de son potentiel économique, existent. Le pays jouit d’un sous sol riche en minerais dont l’or, le diamant, uranium, bois, mercure, lithium entre autres; des richesses qui, malheureusement, ne profitent pas encore de façon optimale au pays. Les recettes fiscales y sont estimées à environ 8.5% du PIB contrairement à la moyenne sur le continent qui est de 15 à 20% du PIB selon le PNUD. 

“Les pays africains ne pourront véritablement accélérer leur développement qu’en réduisant la dépendance aux aides extérieures et en augmentant leur autonomie financière par la mise en place de mécanismes efficaces de collecte de leurs ressources propres. La digitalisation c’est l’outil, l’instrument. Mais le but ultime c’est de pouvoir créer un espace fiscal, au bénéfice de la Centrafrique. Et les ressources existent  ”

Jean-Luc Stalon, Représentant résident du PNUD en CentrafriqueFrance

Doubler les recettes de l’Etat centrafricain, c’est l’objectif de ces initiatives. Selon les perspectives, l’économie centrafricaine devrait connaître une hausse de ses recettes intérieures à hauteur de 160 milliards FCFA à la fin de 2024, contre 140 milliards FCFA en 2023. Une utilisation efficiente des différents applicatifs permettrait de faire bien plus pour atteindre les 300 milliards de FCFA d’ici à juin 2026.

“Juin 2026 c’est la limite que nous nous sommes fixés. Nous devons pouvoir doubler les recettes domestiques que nous avons aujourd’hui. Ce n’est pas de la fiction, le Burkina a réussi à doubler ses recettes domestiques grâce notamment à ce parcours que nous sommes en train de suivre aujourd’hui.”

Hervé Ndoba, Ministre des Finances et du BudgetCentrafrique

Le projet de digitalisation, contenu dans le plan de développement 2024-2028, et mis en œuvre par le gouvernement, va aboutir à la réduction de la fracture numérique et doter les jeunes en compétences numériques utiles dans le marché de l’emploi mondial. Toutefois, les insuffisance matérielles, notamment au niveau du parc informatique de l’administration financière, l’insuffisance de la fourniture énergétique, mais aussi l’insuffisance de la qualité de la connectivité, notamment le faible débit de l’Internet, mais aussi et surtout une ressource humaine non qualifié ou réfractaire sont autant de défis que les autorités doivent relever dans leur ambition de doubler à l’horizon 2026 les recettes de l’Etat centrafricain. 

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